Ambition(s) 

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Comment ça marche ?

Voici un mode d'emploi pour vous aider à naviguer dans la page : 


1. Une échelle pour se situer, sans en faire une montagne !
D’abord je me situe sur une échelle graduée
2. Des questions pour lancer le débat
Ensuite je me pose quelques questions pour réfléchir à ma situation

3. Des ressources pour s'inspirer
Je découvre toute une variété de ressources qui pourraient m’inspirer
4. Des outils pour passer à l'acte

Et enfin j’accède à quelques outils qui peuvent m’aider à passer à l’acte ! 

1.Une échelle pour se situer, sans en faire une montagne !

Quelle(s) ambition(s), quelles finalités porte votre laboratoire ou votre fonction d’innovation publique ? Sont-elles claires pour vous, mais aussi au sein de l’équipe, de l’organisation, pour les organisations extérieures ? Comment progressent-elles au fil du temps ?

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2. Des questions pour lancer le débat

Seul ou en groupe, posez-vous les questions suivantes pour vous aider à réflechir. Pour aller plus loin, téléchargez le pdf « Quel lab êtes-vous ? » et positionnez-vous sur toutes les autres axes mentionnés.

Êtes-vous plutôt qualité ou efficacité ?
Êtes-vous plutôt réparation ou anticipation ?
Êtes-vous plutôt high tech ou low tech ?
Êtes-vous plutôt laboratoire ou incubateur ?
Êtes-vous plutôt sur mesure ou industrialisation ?
Êtes-vous plutôt amélioration ou transformation ?

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3. Des ressources pour s'inspirer

Produire sa théorie de changement :
une bonne façon de clarifier ses ambitions
C'est quoi ?

Théoriser un changement, c’est être capable de répondre à un ensemble de questions : De quel diagnostic partons-nous ? Quelle est la direction à long terme ? Quelles théories sous-tendent les changements que nous voulons provoquer ? Quelles sont les priorités visées ? Quelles activités pour y parvenir ? Comment les résultats sont-ils mesurés ? On parle également de théorie de transformation, de chemin du changement (change pathway), chemin des résultats (outcome pathway), ou même schéma de transformation sociale (STS).

Pourquoi c’est utile ?

L’innovation publique est souvent floue sur ses ambitions ultimes, et sur la façon dont elle envisage concrètement le changement à opérer. Pour un laboratoire d’innovation, construire une théorie de changement permet de mieux réfléchir et expliciter ses intentions, dans un objectif de clarification, pour soi-même, au sein de l’équipe mais aussi vis à vis des partenaires internes et externes.

D’où ça vient ?

La théorie de changement est issue de la théorie du programme en évaluation (dont fait partie l’analyse du cadre logique, Cf l'axe "Evaluation") auquel on ajoute une préoccupation pour la participation et l’apprentissage. Elle a formellement été proposée par Carol Weiss en 1995 (Weiss, 1995). La technique s’est ensuite popularisée au cours des années 2000 avec la publication de guides et de ressources par, notamment, la Kellogg Foundation (W.K. Kellogg Foundation, 2004) et l’Aspen Institute (Anderson, 2005).

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Les facettes de l’innovation publique : 4 façons complémentaires d’innover dans le secteur public
C'est quoi ?

L’OCDE distingue 4 façons d’envisager l’innovation publique : l’amélioration (comment mieux faire X ?), la mission (comment réaliser X ?), l’adaptation (en quoi l’évolution de notre situaton changerait notre façon de faire X ?), et l’anticipation (Comment des possibilités futures pourraient changer fondamentalement ce que X pourrait ou devrait être ?)

Pourquoi c’est utile ?

Certains projets requièrent des formes d’innovation incrémentales, d’autres des innovations de rupture. Les 4 facettes de l’innovation sont complémentaires, et les innovateurs publics doivent progressivement être capables de les combiner entre elles.

D’où ça vient ?

Les facettes de l’innovation ont été conçues par l’Observatoire de l’Innovation dans le Secteur Public de l’OCDE dans une série d’articles publiés en 2018.

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Inscrire la justice sociale au coeur
des ambitions de l’innovation
C'est quoi ?

C’est une théorie politique  qui vise à l’égalité des droits, de la reconnaissance ou du  soin entre les membres d’une société. Elle comporte de  nombreuses déclinaisons libérale (l’utilitarisme), matérialiste  (le marxisme), féministe, antiraciste, validiste... Dans la  pratique, ces théories peuvent s’opposer à des discriminations  sur le marché du travail ou du logement, viser des formes de  redistribution via la fiscalité ou les services publics, développer  des attentions ou des formes de reconnaissance mutuelle à des  personnes ou des activités essentielles qui sont dévalorisées.

Pourquoi c’est utile ?

Parce que la justice est une condition de la paix et de la démocratie. Parce que c’est la condition sine qua none d’une vie digne. Parce que c’est bien souvent la seule manière de vivre librement la vie que l’on désire. La justice sociale était au fondement des revendications qui ont abattu l’esclavage ou l’assujettissement juridique des femmes. Mais bien d’autres injustices se perpétuent encore.

D’où ça vient ?

Les théories de la justice ont été formulées par des philosophes depuis Aristote. Mais les mouvements revendiquant la justice sociale en tant que telle ont pris leur essor à partir de la Révolution Française. Auparavant, seules des causes comme celle de la misère économique mobilisait.  L’héritage religieux est lui paradoxal puisqu’il est à la fois vecteur d’un souci d’égalité et véhicule de préjugés persistants.

Pour aller plus loin

Nancy Fraser, Qu’est-ce que la justice sociale ?, 2011, La Découverte
Aequita Z,Un horizon de justices, 2021, 14 pages 

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Articuler innovation publique
et transition écologique
C'est quoi ?

La transition écologique est une transformation de la société vers un système plus durable tenant compte des limites planétaires. Cette notion renvoie à différentes acceptions selon les acteurs, allant d’un changement radical induit par l’urgence de la crise écologique à une évolution du système actuel pour limiter son impact sur l’environnement.

Pourquoi c'est utile ?

La transition écologique permet de repenser les notions d’usagers en incluant les non humains, d’impact et de finalité de l’action publique en prenant en compte des finalités plus larges telles que la préservation des écosystèmes et l’habitabilité de la planète.

Les labs d’innovation publique pourraient conscientiser et clarifier leur ambition, analyser et développer leur contribution à la transition écologique, par exemple en l’intégrant aux critères de recrutement et d’évaluation des projets, et en la prenant en compte dans leurs modes de fonctionnement interne (écoresponsabilité).


Les labs pourraient également caractériser et positionner leur apport à la transition que ce soit en permettant l’expérimentation d’initiatives écologiques concrètes, ciblées, issues du terrain, ouvrant la possibilité à une généralisation ou en accompagnant une planification associant les usagers des transformations d’ampleur en lien avec les autres dynamiques de transition (économiques, sociales, culturelles, démocratiques…).

D'où ça vient ?

Les niveaux de transition (Geels, Loorbach) : L’émergence des transitions résulte de l’interaction entre 3 niveaux exerçant des pressions les uns sur les autres : le paysage (tendances de fond et crises), le régime (règles et normes du système) et les niches (initiatives).

Mouvement de la transition par les territoires/communautés(Hopkins) : La perspective inéluctable d’un changement brutal du paysage (dérèglement climatique, pic pétrolier…) est vue comme l’opportunité d’opérer un virage vers la résilience au niveau local en développant dès aujourd’hui les initiatives adaptées à la réalité de terrain.

La notion de transition écologique s’est progressivement institutionnalisée en France à partir des années 2010. Au niveau international le développement durable reste prédominant notamment avec l’adoption des Objectifs de développement durable en 2015 par l’ONU, bien que la transition juste soit une des revendications fortes portées lors des COP Climat.

Pour aller plus loin
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Le féminisme comme levier
de transformation publique
C'est quoi ?

Il interroge les rapports de domination dans les sphères publiques comme privées, et explore les notions d’éthique, de liberté, d’identité ou encore de justice (sociale comme environnementale). Les mouvements féministes offrent une analyse fine du paradigme hégémonique : ils constatent les privilèges, violences, discriminations et oppressions (culturelles, sociales, épistémologiques, etc.) qui pré-dominent dans nos sociétés, de manière systémique (par ex: inégalités H/F et inégalités face aux enjeux climatiques). Ils révèlent aussi la présence d’injonctions, de normes ou de stéréotype de manière transversale pour questionner les modes sous-jacents de distribution du pouvoir et de la valeur ( en identifiant par exemple les dispositifs, modes de représentations traditionnels et systèmes qui les maintiennent et les perpétuent). Le féminisme porte la volonté de mettre en évidence et d’élaborer de nouveaux savoirs et pratiques alternatives souvent invisibilisés. En effet, les méthodologies féministes invitent à questionner les biais présents dans la construction des politiques publiques. Dès lors, comment décaler le point de vue depuis, au delà des femmes, d'autres personnes minorisées (les enfants, les personnes racisées, etc.) ? Comment nous outiller pour ré-interroger nos systèmes de dominations ? Par exemple, l'usager “ lambda " est souvent en fait un homme, l'espace public est souvent pensé depuis des usages dominants, etc. En outre, les analyses intersectionnelles, comparatives et qualitatives ainsi que la participation et la collaboration sont fréquentes dans l’approche féministe. 

Pourquoi c'est utile ?

Le féminisme permet d’articuler, croiser des sujets et comprendre les dépendances ou vulnérabilités propres à nos systèmes politiques et sociaux. ll permet une lecture des politiques publiques sous des prismes nouveaux, en proposant des outils pour apprendre à voir, évaluer et agir à partir des marges et de manière transversale. C’est par ailleurs l’une des raisons pour laquelle transitions et féminisme sont souvent abordés ensemble : les recherches féministes mènent à des récits critiques, engagés et révélateurs, ainsi qu’à des opportunités d’actions émancipatrices et transformatrices.

D'où ça vient ?

Le féminisme en tant qu’approche critique existe dès la fin du Moyen Âge en Occident, mais la notion apparaît à partir du XIXème siècle et s’inscrit dans 4 vagues : 
1. Mouvement militant de lutte pour les droits civiques des femmes (ex: les sufragettes)  2. Convergence des luttes : capitalisme, patriarcat, colonialisme, impérialisme …
(ex : éco-féminisme, ou féministes matérialistes)
3. Intersectionnalité (ex : Queer ou black feminist
4. cyberféministe /féminisme en réseau (ex : #noustoutes ou #metoo)

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La théorie du donut, un cadre pour penser
une innovation publique juste et écologique
C'est quoi ?

Le Donut est un diagnostic écologique et social applicable à plusieurs échelles (un territoire, une politique ou une filière, un projet ou un objet). C’est un révélateur des problématiques sociales et/ou écologiques les plus critiques et un support d’acculturation largement diffusable. C’est une représentation visuelle, sous la forme d’un donut, d’un plancher social basé sur des indicateurs sociaux liés aux 17 ODD et d’un plafond écologique basé sur des indicateurs environnementaux liés aux neuf limites planétaires. La partie qui se situe entre les deux constitue « l’espace socialement juste et écologiquement sûr pour l’humanité ».

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Pourquoi c'est utile ?

La théorie du Donut peut offrir un cadre conceptuel clair et pédagogique aux innovateurs publics chargés d’explorer comment mieux articuler transition écologique et justice sociale.

D'où ça vient ?

La théorie du Donut a été élaborée et développée par l’économiste britannique Kate Raworth, d’abord au sein de l’ONG Oxfam, puis par l’intermédiaire de son livre «Doughnut Economics : Seven Ways to Think Like a 21st-Century Economics», best-seller publié en 2017.

Pour aller plus loin

Le site de Kate Raworth : https://www.kateraworth.com/doughnut/ 
La théorie du donut comparée à d’autres méthodes (programme Nouvelles Mesures) : https://www.la27eregion.fr/wp-content/uploads/sites/2/2022/04/NM_repolitiserlacomptapublique.pdf 

4. Des outils pour passer à l'acte

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Le kit de transformation (Lindsay Cole, 2019)
Ce qu'il y a dans ce kit

Dans ce kit, le laboratoire d’innovation est représenté sous la forme d’une fleur, dont les pétales changent de couleur en fonction du positionnement du laboratoire. Il a été conçu pour aider un collectif, en deux heures environ précédés par un temps de préparation, à clarifier sa théorie du changement : quelle est votre vision, votre utopie concrète, l’étoile que vous visez dans le ciel ? Votre mission, votre but ultime ? Qu’est-ce qui produit le changement selon vous ? Quelle est votre contribution à ce changement ? À partir de quelles activités ? Comment mesurez-vous l’effet de vos activités ? Le tout en alternant travail en groupe, affichage et restitution collective classiques. Le but de questions telles que « Qu’est-ce qui produit le changement selon vous ? » est de montrer qu’il existe bien plus d’options qu’on le pense souvent, alternatives à la fabrique administrative habituelle (lancer une étude, prendre des décisions, etc.). Au terme du processus, l’ensemble doit aboutir à une à deux pages maximum, pas plus.

Conçu par la chercheuse canadienne Lindsay Cole dans le cadre du programme 
« transforming cities from within » (2019).